ASPECT OCCULTE DE L'ASTROLOGIE, par Robert AMBELAIN

L'Astrologie surnaturelle comprenait les interrogations dites, de nos jours, Astrologie horaire, les élections, ou choix d'un moment favorable pour une action quelconque, insérée dans l'Astrologie horaire, et enfin, l'Astrologie surnaturelle proprement dite. Celle-ci comprenait l'usage de l'Astrologie commune dans l'établissement des talismans, des pentacles et surtout dans les opérations magiques, les évocations. Il est évident que cette Astrologie surnaturelle jouait un rôle prépondérant dans les opérations de l'Alchimie pratique, particulièrement dans celle de la voix sèche où Alchimie et magie évocatoire se confondent nécessairement.


Article paru dans "Trigone" n° 6 - Nouvelle série

Si nous sommes bien d'accord sur l'influence réelle exercée par les astres, la Lune sur les marées, le Soleil sur la végétation, même les planètes du système solaire sur les accidents, ce qui repose beaucoup moins sur la raison, c'est le reste.
Il y a des aspects irrationnels de l'Astrologie qui n'enlève rien à sa valeur. Il semble bien que l'usage immuable du système géocentrique ait effacé chez les astrologues le souvenir de la réalité héliocentrique. La plupart d'entre nous d'ailleurs ont adopté le comportement intellectuel des générations qui nous ont précédés et nous parlons des influences sidérales en général, comme si la science les avait définitivement entérinées.
Il n'en est rien malheureusement, et cette constatation ne retire rien à la valeur de l'Astrologie, bien au contraire. Elle en sort grandie, tant par le mystère qui continue de l'envelopper que par les énigmes qu'elle pose à l'Homme.
  
Les chronocrateurs pour régir la marche du temps
  
On connaît la loi dite de Bode qui donne une formule clé permettant de calculer les distances proportionnelles séparant les planètes du système solaire. Johann Elert Bode naquit à Hambourg en 1747 et mourut à Berlin en 1826. Astronome allemand, directeur de l'observatoire de Berlin, il fut l'auteur d'éphémérides annuelles mais il est surtout connu par la loi qui porte son nom ; à tort d'ailleurs, car elle avait été formulée auparavant par un autre astronome. La voici dans sa simplicité mais aussi avec son étrangeté :
  • à partir de zéro, prenez le nombre 3 et doublez successivement,
  • vous obtenez alors 0, 3, 6, 12, 24, 48, 96, 192, 384 et 768,
  • et maintenant augmentez chacun de ces nombres de 4, vous obtenez ceci : 4, 7, 10, 16, 28, 52, 100, 196, 388, 772.

Or, ces nombres proportionnels vous donnent les distances comparées des planètes du système solaire, Mercure, Vénus, Terre, Mars, le groupe des astéroïdes, intermédiaire dont on ne parle jamais, Jupiter, Saturne et Uranus. Mais ici, s'arrête le règne de la loi de Bode. Elle ne joue pas en effet pour Neptune ni pour Pluton. Première constatation, la loi de Bode joue donc donc sur sept planètes si nous nous situons géocentriquement comme terriens. Il semble que la nature ait là voulu limiter ce nombre de façon à respecter une loi occulte. Pourquoi? nous n'en savons rien.

Planche tirée de
"Von dem neu entdeckten Planeten"
Bode, Johann Elert - 1784
D'autre part, la tradition Astrologie qui nous a transmis le principe des trois chronocrateurs, la Lune, le Soleil et Saturne. C'est le nom que l'on leur donne. C'est trois astres sont censés régir la marche du temps et, là encore, nous retrouvons la nature avec ses lois occultement bienfaisantes puisqu'elle nous donne comme régent de notre temps terrestre, trois astres visibles à l'œil nu de l'homme. N'oublions pas en effet que si les chaldéens connurent nécessairement l'optique, ce qui leur permit de distinguer l'anneau de Saturne, autrement comment l'auraient-il connu, et les lentilles de cristal et de verres découvertes par les archéologues sont là pour le prouver ; cette même optique est inutile pour contempler Saturne, on la distingue très bien à l'œil nu, tout comme Mars Jupiter ou Vénus.

Or, nos trois chronocrateurs, Lune, Soleil, Saturne, sont en même temps les bornes posées dans la hiérarchie planétaire et qui justifie l'application de la grande loi d'analogie en cette dernière. Qu'on en juge. Disposons ensemble en trois octaves :
  • premier Octave : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure, Lune,
  • deuxième octave : Pluton, Neptune, Uranus, Saturne, Jupiter, Mars, Soleil,
  • troisième Octave : X, Y, qui sont peut-être encore des planètes à découvrir, Pluton, Neptune, Uranus, Saturne.  
Et en examinant cette répartition en ligne horizontale, nous constatons que les attributions analogiques que l'expérience avait permis d'établir entre les nouvelles planètes trans-saturniennes, Uranus, Neptune, Pluton, ces analogies sont justifiées. Pluton est bien un octave supérieure de Saturne. Neptune est bien l'octave supérieur de Jupiter, Uranus est bien octave supérieur de Mars, et les effets y sont absolument démontrés par l'étude des thèmes.
Mais leur influence, si influence il y a, est également précisée en détail par le même tableau, et toujours grâce au rôle des trois chronocrateurs, car il est bien évident que les nouvelles planètes trans-saturniennes ne sont pas à la répétition exacte des précédentes. Pluton serait de nature Saturne-Soleil en leur conjonction, Neptune serait de nature Jupiter-Vénus en leur conjonction et Uranus serait de nature Mars-Mercure en leur conjonction. Et l'étude attentive des conjonctions entre les planètes associées montre bien que tel est en fait à peu près, la nature de la planète en trans-saturnienne analysée.
C'est ainsi que l'alchimie nous souligne les rapports entre le Soleil et Saturne, le plomb et l'or, les deux termes de départ et l'arrivée du Grand Œuvre, et ces deux métaux ont des points spécifiques très voisins ; il en est de même du Soleil et de la Lune, car l'or et l'argent sont les métaux précieux et incorruptibles par excellence.

Passons maintenant à Pluton ; le Dieu des morts de la mythologie gréco-latine a bien des points communs avec Saturne, le Dieu à la faux, recteur du temps. Il est probable que tout astrologue tant soit peu intuitif percevra les rapports secrets entre Pluton, lointain gardien des limites sidérales de notre système système solaire, et Saturne le dieu de la solitude, entre Pluton et l'inféconde Proserpine et Saturne supprimant ses enfants, entre Pluton, Plutus ou le riche, et Saturne le dieu des avares.

Ce même tableau équilibré grâce aux trois chronocrateurs nous donne en même temps les clés d'une nouvelle Astrologie mondiale, utilisant uniquement des planètes lentes, Pluton en place de Saturne, Neptune en place de Jupiter, Uranus en place de Mars, Saturne en place de Soleil, Jupiter en place de Vénus, Mars en place de Mercure, le Soleil en place de la Lune. Il suffit d'adapter les correspondances analogiques des individus à la vie des états. C'est ainsi que Mars, octave de Mercure, peut très bien signer le journaliste dans l'Astrologie mondiale, il suffit d'adapter, on obtient alors des vitesses suffisamment lentes et ceci est important pour permettre d'apprécier les périodes de temps plus étendues, car il est bien évident qu'en Astrologie mondiale, les planètes rapides comme Mercure, Vénus et la Lune viennent plutôt embrouiller le problème que de le simplifier.
  
Zodiaque lunaire et cycles Soleil-Lune

Il est ensuite un second zodiaque dont on ne parle guère, c'est le zodiaque lunaire. En effet, la Lune voit sa course mensuelle scindée en 28 stations ou demeures, soit sept par quartier zodiacal. Chacune de ces demeures a reçu un nom dérivant de l'étoile qui rayonnait lors de l'établissement du système. L'influence qui reçoit la Lune a été exprimée par un symbole, analogue au monomère, que les auteurs anciens nous rapportent tel Henri Cornelius Agrippa en sa philosophie occulte. Mais le plus étonnant est de constater que nos trois chronocrateurs sont soumis à une loi analogique évidente en ce qui concerne les 28 demeures lunaires. Qu'on en juge :
  • Premièrement, la Lune parcourt ses 28 maisons en 28 jours couvrant ainsi 12° en moyenne par 24 heures,
  • Deuxièmement, le Soleil parcourt ses 28 maisons en 12 mois couvrant aussi la traversée d'une demeure en 12 jours.
  • Troisièmement, Saturne parcourt ses 28 maisons en 29 ans plus 1 mois, chiffre bien proche de 28 et en résidant ainsi environ 12 mois dans chaque demeure.

Si nous nous en tenons aux heures babyloniennes, valant deux heures de nos horloges, et équivalent au passage d'un signe zodiacal sur l'horizon, ou au milieu du ciel, nous constatons que la Lune met 12 heures pour parcourir une demeure, 12 heures babyloniennes, parallèlement le Soleil met 12 jours et Saturne met 12 mois. Or, et c'est là l'énigme, quel rapport la nature a-t-elle voulu établir?
Entre la Lune, minuscule caillou accompagnant la terre, le Soleil, astre énorme, centre du système, neutron de cet atome, et Saturne planète lointaine d'une taille également sans rapport avec celle de la Lune ; aucune explication ne peut être fournie. D'autant qu'il s'agit là d'une illusion d'optique inhérente à l'utilisation du système géocentrique, lequel est sans aucune réalité astronomique ; il en est de même de toute Astrologie d'ailleurs.

Le zodiaque solaire est illusoire, les constellations initiales n'occupent plus les signes qui portent leur nom en vertu de précession des équinoxes, et cependant les signes ont conservé la valeur influencielle des constellations. Comment justifier cela ?
Mais il y a plus curieux encore : on sait que la Lune fait le tour du zodiaque en un peu moins de 28 jours, ce qui a donné naissance à ces 28 demeures. Mais pour rejoindre le Soleil, qui a progressé depuis leur dernière conjonction, elle met un peu plus de 29 jours, exactement 29 jours 12 heures 44 minutes et 3 secondes. Or, il en est ainsi analogiquement du Soleil et de Saturne, le Soleil, octave supérieur de la Lune. Tous les 29 ans, leur conjonction a lieu au point vernal zéro du Bélier à quelques degrés près d'écart dans les cinq derniers des Poissons ou les cinq premiers du Bélier. Cette analogie n'est-elle pas étonnante? 29 ans comme 28 jours! D'autant que reposant sur le système géocentrique, elle s'avère uniquement valable dans le seul domaine Astrologique.
               
Il serait intéressant de rechercher la durée du cycle qui nous préciserait les triples conjonctions de Saturne, du Soleil de la Lune au même point vernal. Nous avons recherché les conjonctions du Soleil et de Saturne aux 10 points pour le XIXe et le XXe siècle.
Nous avons relevé les années ci-après : 1820, 1850, 1879, 1908, 1937, 1967, 1997, et la moyenne est bien de 29 ans, comme la Lune.
Il demeure un témoin religieux de l'importance de ces données analogiques dans le rituel du judaïsme. Tous les 28 ans, le premier mercredi du mois correspondant au signe du Bélier, a lieu la bénédiction solennelle du Soleil. En opposition sur les deux signes équinoxiaux, tels le Soleil et la Lune lors de la Pâque annuelle. Là encore nous retrouvons une association analogique indéniable entre les deux astres chronocrateurs. Le choix du mercredi était imposé par un usage rituel, choix qui jouait évidemment dans celui de la date précise du jour de sa bénédiction. Il y aurait donc une Pâque annuelle pour le judaïsme est une Pâque dite du Jubilé tous les 28 ans. La première marquée par l'opposition du Soleil et de la Lune sur la ligne des équinoxes, la seconde par celle du Soleil et de Saturne sur le même ligne équinoxiale et également en opposition.

Mieux encore dans le domaine de l'insolite : nous utilisons les étoiles fixes que nous avons groupées arbitrairement en constellations -je dis bien arbitrairement car il s'agit là encore digne d'une illusion d'optique - en effet, ces étoiles que nous avons associées en des figures décidées par l'homme, elles n'ont aucun lien entre elles ; alors que les planètes sont solidaires d'un système solaire où elles sont l'équivalent des électrons atomiques et le dit-Soleil l'équivalent du neutron, nos étoiles n'ont aucun lien de ce genre. Situées à des milliards de kilomètres et à des millions d'années-lumière les unes des autres, ce sont des fantaisies imaginatives issues du cerveau humain qui les a ainsi groupées, et, répétons-le, groupées arbitrairement. Or, reconnaissons-le, ces mêmes images donnent à ces groupements stellaires une signification valable de l'influence que nous leur attribuons. Comment expliquer cela?

Plus grave encore, en vertu de l'appréciation des équinoxes, ces groupements décidés par l'homme se déforment, se diluent avec les siècles, les millénaires ; il est évident que dans 10 000 ans, la constellation d'Andromède ou celle du Bouvier ne ressemblera pas à celle contemplée par les astrologues Chaldéens. Prenons la Grande Ourse et ses sept étoiles, c'est une illusion d'optique ; elles n'ont pas de lien entre elles, 2 s'en vont dans une direction donnée à une vitesse effrayante et les cinq autres dans la direction opposée. Cela n'est pas un groupement "cosmique", c'est nous qui les avons groupées.
  
L'Astrologie des interrogations et la domification

Robert Fludd divisait l'Astrologie en Astrologie naturelle, comprenant la généthliaque, ou Astrologie des nativités, en Astrologie mondiale, dite des Empires, et en Astrologie surnaturelle, comprenant l'Astrologie des interrogations, des élections et des évocations. Or, qu'il s'agisse de la généthliaque, de la mondiale ou de celle dite des interrogations horaires de nos jours, l'astrologue tient compte des divers mouvements des planètes, à savoir la marche directe, la marche rétrograde et le stationnement.
Cet aspect cinétique de l'Astrologie et surtout le propre de celle des interrogations, alors que l'aspect statique et surtout usité dans celle des nativités, ainsi que de petits personnages représentant les protagonistes du problème, les planètes et leurs divers mouvements représenteront dans un thème d'Astrologie horaire, la marche plus ou moins chaotique des événements relatifs aux dits protagonistes. Nous renvoyons pour détails aux divers traités d'Astrologie horaire.
Or, ces divers mouvements, marche directe, rétrogradation, stationnement, n'existent absolument pas dans la réalité : une planète est toujours directe, jamais stationnaire, jamais rétrograde. Ces mouvements sont purement illusoires, dérivent uniquement de l'emploi du système géocentrique, qui lui aussi repose sur une illusion d'optique voulue et à laquelle nous tenons puisque cela nous simplifie les problèmes.
Cependant, les présages que nous tirerons de ces mouvements illusoires s'avèreront véridiques. Comment expliquer cela ?
J'ai plus d'un demi-siècle d'Astrologie et, depuis 20 ans, je fais énormément d'Astrologie horaire, je peux dire que tous les jours je fais de l'Astrologie. L'Astrologie horaire n'a pas de fondement rationnel et cependant on obtient des résultats absolument merveilleux! Comment expliquer cela ?
Il semble que nous nous trouvions avec l'Astrologie devant une nouvelle explication philosophique du monde. Elle nous montre les êtres et des choses, prisonniers, dès leur apparition, de tout un ensemble de lois mouvantes et fugaces. Univers où un symbolisme étonnant tisserait entre ces êtres à ces choses, à travers les divers règnes de la nature, de mystérieux liens de parrainage et de parenté. Un peu également comme si sur l'écran du ciel et tels d'énigmatiques poèmes, les Astres mimaient impérativement se que devrait répéter, dociles robots, les microcosmos des divers règnes.

Abordons maintenant le problème de la domification. Il n'a pas fini de faire couler de la salive, celui-là. Il ne serait pas raisonnable d'aborder les aspects insolites de l'Astrologie sans nous reporter, une fois de plus, aux difficiles méthodes de la domification. Les systèmes de Placidus de Titis, de Regiomontanus, de Campanus, de Morin de Villefranche, de Porphyre, d'Alcabitus, sans oublier le vieux système dit d'égalité, voient se dresser contre les domifications parfaitement irrationnelles de l'Astrologie arabe, de l'Astrologie hindoue, et de l'Astrologie tibétaine.
Ainsi donc, thème à 12, 28 ou 8 demeures prétendent parvenir aux mêmes excellents résultats sans préjuger de ce thème à 16 demeures que nous signale Ptolémée de Pelus, que le classique ciel à 12 maisons. Or, deux traditions se sont opposées jadis : celle de Dorothée de Sidon qui voulait que le signe ascendant, dit horoscope, accorde au sujet son aspect physique et son comportement moral, et celle de Ptolémée de Pelus qui voulait que ce soit le signe occupant le milieu du ciel.

On naît sous une étoile. Nous pensons que ces deux traditions, confrontées pendant de nombreuses années, auraient intérêt à être fusionnées en une seule conclusion, car il est indéniable que le sujet du thème participe de ces deux signes, l'ascendant et le milieu du ciel. J'avoue que j'ai une préférence pour le milieu du ciel.
  
Pour revenir aux inconciliables systèmes de domifications citées plus haut, nous rappelons tout d'abord les définitions précises que les dictionnaires donnent à ces deux termes, horizon et méridien déterminant de facto ces dits zénith et nadir.
L'horizon, nous dit-on, est le plan passant par l'observateur et perpendiculaire à la direction d'un fil à plomb tenu par celui-ci. Le Méridien, en astronomie, se dit d'un plan qui, dans un lieu donné, comprend la verticale de ce lieu et l'axe du monde. Ajoutons que cette verticale est inévitablement donnée par la direction du classique fil à plomb.
Le zénith, en astronomie, est le point où la verticale d'un lieu déterminé par le même fil à plomb rencontre la sphère céleste, et le nadir, toujours en astronomie, sera donc le point de la voûte céleste qui se trouve sur la verticale de l'observateur, et directement sous ses pieds, même si cette cette même verticale étant toujours déterminée par le fil à plomb. Nous voici loin de ce que nous obtenons avec les domifications classiques.
Et si nous voulons concilier tradition astrologique et domification apparemment scientifique, cela ne sera pas toujours facile. On ne voit pas comment on pourrait obtenir des milieux du ciel inclinés à 30°, 45° ou 60°. Encore un illogisme. À notre époque, les grands super courriers aériens de s'embarrassent pas de suivre toujours des trajets compliqués. Il leur arrive d'adopter une ligne droite. Ainsi, la traversée du cercle polaire peut fort bien s'effectuer en survolant le pôle nord, bien au-delà du Spitzberg, de la Terre de Vitchechk et de l'île Consogoleks, qui ne se situe que par 80° de latitude nord, et cela a lieu couramment.
Or, dans un de ses grands supers courrier aériens, il peut se faire qu'une passagère mette un enfant au monde, la nature ne s'y oppose pas, cela arrive bien dans des trains ou en voiture. Imaginons alors le ciel natal d'un natif du 22 septembre d'une quelconque année, par 90° de latitude nord et à minuit. La table d'orientation de son horoscope selon les domifications scientifiques classiques, ici Placide, donne :
  • le milieu du ciel à 0° Bélier,
  • la maison XI à zéro Bélier, la maison XII à 0°Bélier,
  • Ascendant à 0° Balance,
  • la maison II à 0° Balance, la maison III à 0° Balance,
  • Le fond du ciel à 0° Balance, la maison V à 0° Balance, la maison VI à 0° Balance, la maison VII à 0° Bélier, la maison VIII à 0° Bélier, la maison IX à 0° Bélier.
Ainsi cet homme, quand il sera grand, n'aura pas de situation, pas de protecteur, pas d'ennemis, pas de personnalité, pas d'argent, pas de frère, pas de sœur, pas de père, pas de mère, pas d'amour, pas d'enfant, pas de maladies, pas de conjoint. Il ne mourra pas et il ne voyagera pas. C'est absolument aberrant ! Notons qu'il en sera de même s'il nait à midi et une semblable domification condamne évidemment le système qu'il conduit.
Concluant que, peut-être, le plus ancien système, celui dit d'égalité, ne nous conduisait pas une telle impasse et qu'il avait au moins l'avantage d'être en accord avec les définitions indiscutablement rationnelles de l'horizon et du Méridien, du zénith et du nadir. D'ailleurs, au Tibet, on ne s'embarrasse pas de Placide, ni de Regiomontanus.
  
Le couple Vénus Lune et l'Astrologie surnaturelle

Parlons maintenant de Vénus et de la Lune : une vieille tradition astrologique se perdant dans la nuit des temps donne à Vénus le nom, le surnom plutôt, d'Autre Soleil.
Or, les symbolismes islamique, et, en général, de tout le Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, utilisent abondamment l'association du croissant lunaire et de l'étoile à 5 branches. Nous savons que cette dernière est l'image traditionnelle de Vénus.
En son livre "Vénus au Maroc", notre regretté collègue Maurice Privat, s'est abondamment étendu sur cette tradition et les tribus berbères, bien que récemment islamisées, y sont particulièrement attachées. Or, il n'est pas impossible que ce symbolisme Vénuso-Lunaire ait une origine astrologique. Il est bien évident en effet que déterminer de visu le moment précis de la nouvelle Lune est une chose impossible. À partir d'un certain moment avant sa conjonction avec le Soleil, la Lune n'est plus visible elle ne le redevient qu'après un certain parcours au-delà du point de conjonction, d'où l'existence, quand il n'existe pas d'éphémérides, d'où l'existence dans tout le monde antique de l'Indicateur des Lunes, fonctionnaire chargé, en Assyrie comme en Chine, d'annoncer l'apparition du fin croissant de la Lune nouvelle. Mais n'est-il pas d'autres époques, ou en d'autres régions, une autre manière de diviser le temps? Les moines n'étaient-t-ils pas déterminés par la conjonction de la Lune et du Soleil, Vénus, l'autre Soleil?
Car cette conjonction est aisément observable à l'œil nu et nous en aurions le rappel dans le symbole du croissant et de l'étoile à cinq branches associé par tout le monde arabe encore de nos jours.
Or, il suffit de relever, sur un certain nombre d'années, les dates de conjonction de la Lune et de Vénus pour constater qu'elles se reproduisent de façon fort régulière, avec la même cadence que celle de la Lune et du Soleil. Elles sont de 12 ou 13 par an, comme ces dernières et elles ont lieu tous les 29 jours en moyenne exactement comme celle-là : parfois 28 parfois 30 jours, le décalage venant certainement de notre calendrier non astronomique et imparfait.
Dès lors, il conviendrait d'observer les aspects que reçoit cette conjonction Vénus-Lune quand elle se produit, et également le passage de la Lune à l'opposition de Vénus, phénomène analogue à la Plein Lune héliocentrique en ses aspects propres. Il est probable que cette conjonction jouait un très grand rôle dans dans l'astrologie arabe ancienne, et plus particulièrement dans la Cielologie, ou astrologie lunaire, que nous a fort utilement rapporté Francis R. de son séjour à Tunis, l'antique Carthage. Notre très regretté confrère l'avait reçue et trouvée dans d'authentiques milieux ésotériques arabes. Cette conjonction de la Lune et de Vénus sert encore dans tout le domaine de la magie arabe.
  
Maintenant, je vais vous parler pour pour finir de l'Astrologie surnaturelle, chère à Robert Fludd. Il donnait ces titres à certaines branches de la science des Astres. Il y avait l'Astrologie naturelle, comprenant la météorologie, l'Astrologie généthliaque ou des Nativités, l'Astrologie mondiale, l'Astrologie médicale.

L'Astrologie surnaturelle comprenait les interrogations dites de nos jours Astrologie horaire, les élections ou choix d'un moment favorable pour une action quelconque insérée dans l'Astrologie horaire, et enfin, l'Astrologie surnaturelle proprement dite comprenant l'usage de l'Astrologie commune dans l'établissement des talismans, des pentacles et surtout dans les opérations magiques, les évocations. C'est de celles-ci que nous parlerons maintenant pour terminer. Il est bien évident que cette même Astrologie surnaturelle jouait un rôle prépondérant dans les opérations de l'Alchimie pratique, particulièrement dans celle de la voix sèche où Alchimie et magie évocatoire se confondent nécessairement. J'ai fini, il y a de cela 30 ans, par faire avouer à Jules Boucher, qui avait été disciple direct avec Canselier de Fulcanelli de Jean Julien Champagne, que la magie intervenait beaucoup plus que la Physique et la Chimie dans l'Alchimie. Il m'a confirmé que Champagne utilisait certaines choses, certains procédés qui relevaient de la magie de la Voie Sèche.
Cette Astrologie des évocations, donnons-lui ce nom car il lui en faut un, comportait la connaissance de toute l'Astrologie classique. Pour la pratique des élections, on choisissait le moment favorable pour opérer. Par la connaissance des correspondances analogiques et symboliques liées à l'Astrologie générale, on constituait l'ambiance propice à cette évocation, véritable utérus psychique propre à permettre la création d'une forme pensée. Le nom de celle-ci était déterminé par la projection des lettres de l'alphabet hébraïque dans le ciel astrologique de l'opération. On projetait les lettres d'une certaine façon, dans un sens ou dans l'autre ; vous retrouverez tout cela très clairement dans les textes d'Agrippa, et quand on pèse les termes dont use Agrippa, on le comprend, et ce nom devient le mantra d'appel de l'entité ainsi formée. Je ne sais pas si chez vous, vous fabriquerez une forme pensée et vous vous la baptiserez ensuite, mais enfin, faites attention parce qu'on ne sait jamais où on s'embarque dans ces domaines. Les rites de la magie classique intervenaient ensuite.

L'Astrologie et l'occulte

Il y a maintenant autre chose, c'est de l'occulte de la figure. Vous avez tous vu, peut-être, dans les vieux traités le thème en carré utilisé par les astrologues d'autrefois. Ériger, dresser, construire, tels sont les termes par lesquels on désigne l'action de construire la figure Astrologique. On conviendra qu'ils s'accommodent mal de l'utilisation de tels imprimés, dont certains atteignent la grandeur d'une assiette, ce qui s'oppose à une vue d'ensemble du ciel analysé. Car ce n'est pas morceaux par morceaux, secteurs par secteurs que l'on doit déchiffrer un thème astrologique mais bien par une vue d'ensemble. Il ne viendrait à l'idée de personne d'admettre que le débutant apprenant à jouer du piano et qui déchiffre sa partition note par une note atteint les sommets de l'interprétation d'un virtuose utilisant ses dix doigts.
Il en est de même de l'analyse d'un ciel astrologique. C'est pourquoi, si l'on peut user d'un timbre en caoutchouc de thèmes imprimés pour établir des statistiques comparatives, on ne saurait à mon avis l'admettre pour le déchiffrement d'un horoscope ou d'un ciel horaire. Tracer un cercle, c'est déjà un premier geste relevant de l'occulte Astrologique. Depuis 45 ans passés et selon le conseil d'un homme que j'ai connu, le regretté Jean René Boste, j'utilise un cercle tracé d'environ six à huit centimètres de diamètre, pas plus, à l'encre noire ou bleue. Je place invariablement les douze secteurs zodiacaux de valeur égale et je situe le signe ascendant dans la première case à gauche. Ainsi le signe du milieu du ciel est toujours dans la partie supérieure de la figure. Puis je reporte les lignes extérieures marquant les Maisons, suivant le système de Placide que je continue d'utiliser et dans celles-ci je place ensuite les planètes à l'encre rouge. Avec un peu d'habitude, cela va extrêmement vite et pour l'érection d'un thème quelconque, je ne prends pas plus de sept minutes en moyenne, par de fortune comprise.

Souvenons-nous d'une eau-forte, attribuée à Rembrandt, qui représente un astrologue, ou un géomancien, on ne sait pas, étudiant un thème monté en carré, à l'ancienne mode, entre quatre flambeaux disposés aux angles du thème. Il est probable que la pratique de l'Astrologie au Moyen-âge et à la Renaissance s'accompagnait de rites plus ou moins occultes et dont on dont ne parlèrent jamais les astrologues par une prudence fort justifiée, on s'en doute. Car enfin, on comprend bien qu'à une époque où il n'y avait ni gaz, ni électricité, on utilisait deux flambeaux pour examiner un thème de le soir. Mais pourquoi quatre? Deux flambeaux vers l'interprète, c'est gênant. Pourquoi quatre ?
  
La pratique de la géomancie, la sœur terrestre de l'Astrologie, sa grande sœur céleste en Afrique du Nord, en Afrique Noire, au Moyen-Orient, s'accompagne de fumigations et de rites préliminaires ; elle est l'aboutissement d'une initiation rituelle préalable car il y a une filiation initiatique entre géomanciens. N'y en avait-il pas une pour l'Astrologie d'autrefois? Cela n'est pas impossible, car j'ai toute une documentation depuis 30 ans sur la géomancie, j'ai été en relation avec des géomanciens tunisiens, je peux vous assurer que pour pratiquer la géomancie en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, on ne va pas acheter un livre, on ne prend pas un crayon et une feuille de papier.
On commence par recevoir les enseignements d'un géomancien qui finalement vous transmet une initiation géomantique. En Tunisie, j'ai la photo de la chartre initiatique de Nasseur, qui fut mon initiateur à la géomancie arabe. Elle est signée du grand Muphti de Tunis, elle lui a été transmise dans les formes islamiques. Par contre, au Maroc, elle n'est pas à islamisée et elle révèle directement d'une vieille tradition berbère qui s'apparente à la magie pure et l'initiation a lieu le soir dans un vieux cimetière où on enterre plus.

Ce qui peut nous confirmer dans l'hypothèse de l'existence d'une initiation mutuelle à l'Astrologie dans le monde antique, c'est assurément dans l'ensemble des 83 incantations aux multiples Dieux que nous transmet le vieil Hésiode dans les hymnes orphiques celle qui avaient trait aux Astres. On sait que chacune de ces 83 invocations rituelles aux Anciens Dieux est accompagnée de l'indication du parfum qui doit être offert dans la cassolette. Pour les Astres, il s'agit des aromates et voici le texte qui leur est attribué dans Hésiode : « Parfum des Astres, les aromates. J'invoque d'abord la lumière sacrée des astres ouraniens par de saintes paroles les Daïmons producteurs. Astres ouraniens, chers Astres de la loi nixe, nixe c'est la nuit, qui tourbillonnaient autour de son trône, resplendissant, semblables au feu, qui engendraient tout ce qui est soumis au moire, révélateurs de toutes les destinées qui montraient la voie divine aux mortels, qui avaient sept rayons, qui éclairaient toutes les autres, qui erraient dans l'air et couraient dans le feu, Ouraniens et Terrestres illuminant toujours le noir péplos de nixe revêtu de splendeurs, aimables et nocturnes, venez, venez aux mystères sacrés et donnez un heureux coup aux illustres sacrifices. »

En vérité, on croirait lire un quelconque rituel géomantique avec le classique appel au Djenvun révélateur et conducteur de la main du géomancien. Il suffit de bien peser le texte même de cette invocation aux astres, qui nous vient du monde antique hellénique, pour constater qu'il s'agit bel et bien d'un rituel d'appel. J'invoque d'abord la lumière sacrée des astres ouraniens appelant par de saintes paroles les Daïmons conducteurs, et plus loin, venez, venez, etc. Il est certain que, pour le monde antique, l'Astrologie comme la géomancie se doublait d'un rituel.