DU CHAOS ORIGINEL À L'ŒUVRE SOLAIRE, par DAMO

Les flux d'énergie émis par le Soleil et les planètes sont perçus par l'ensemble des êtres vivants à la surface de notre globe selon la distance qui nous en sépare mais également selon l'angle correspondant à leurs positions dans l'espace. Si nous matérialisons mentalement ces flux énergétiques, nous pourrions considérer que des faisceaux se croisent selon des angles différents : l'astrologie dénomme ceci "aspects".
L'astronomie, quant à elle, n'aborde pas la question sous le même... angle. Cette notion d'aspect n’apparaît pas puisque, finalement, seule va importer la position de la planète ou l'un des luminaires.



Cet article est paru dans la revue "Urania Magazine", n°19


La notion de position deviendra plus importante dans l'exploration spatiale où les trajectoires des sondes sont généralement calculées pour utiliser au mieux les forces gravitationnelles des planètes afin d'accélérer le vaisseau spatial : c’est la technique du rebond gravitationnel.

Cette technique a été utilisée lors de la fantastique épopée des sondes Voyager I et II qui, grâce au rapprochement planétaire exceptionnel des années 80 ont pu gagner une dizaine d'années sur le temps normalement nécessaire pour passer en revue Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Seule, Pluton échappa à l'œil inquisiteur de Voyager II, la planète étant à cette période à l'intérieur de l'orbite de Neptune.

La loi de Titus-Bode

Pourtant, bien avant l'ère spatiale, la disposition des planètes et leur répartition dans le Système Solaire ont été la source de travaux importants qui ont amenés les chercheurs à se poser des questions sur l'harmonie de cet agencement.
Ainsi en 1771, le physicien allemand J. D. Tietz, dit Titus, va proposer un modèle expliquant la distance des planètes par-rapport au Soleil. Pour lui, il ne fait pas de doute que les planètes sont organisées dans le Système Solaire selon une progression géométrique qui donnerait ceci :

  • Titus part d'une progression géométrique de raison 2 (il double à chaque fois) commençant par 3 et précédé de 0
03612244896192384768
  • Il ajoute 4 à tous les termes
4710162852100196388772
  • Il divise tous les résultats par 10
0,40,711,62,85,21019,638,877,2

Le résultat est, selon Titus, la loi d'agencement des planètes dans le Système Solaire qu'il décrit ainsi, chaque terme représentant la position d'une planète.
Titus ne sera pas suivi dans cette voie de recherche. Il faudra attendre quelques temps pour que l'un de ses compatriotes, l'astronome Bode, reprenne ses résultats et les fassent connaître. Aujourd'hui, cette loi de distribution est connue sous le nom de Loi de Titus-Bode et, considérant qu'elle fut établie à partir de l'observation et du calcul au 18e siècle, elle est remarquable. En effet, voici comparées terme à terme les positions des planètes connues à l'époque (et par extrapolation toutes celles que nous connaissons aujourd'hui) selon le Loi de Titus-Bode et les mesures faites grâce aux instruments d'observations modernes et à l'exploration spatiale.
L'unité de référence est la distance Terre/Soleil, soit approximativement 150 millions de kilomètres (équivalent à 1 unité astronomique, UA).


On ne peut qu'admirer la corrélation entre ces résultats, surtout jusqu'à Uranus. La Loi de Titus-Bode soulève pourtant trois questions :

  • Où est la planète qui devrait exister entre Mars et Jupiter? 
  • Pourquoi y a-t-il tant d'écart pour les valeurs de Neptune? 
  • Pourquoi y a-t-il tant d'écart pour les valeurs de Pluton? 
Ces questions ne sont pas sans intérêt à la lumière des connaissances actuelles. Il n'existe en effet aucune planète entre Mars et Jupiter et pour cause... Les effets de marées gravitationnelles joviennes sont tellement intenses qu'ils ont empêché à tout jamais une planète de pouvoir trouver une cohésion dans cette partie du Système Solaire.
Pourtant, cette planète, ou plutôt les éléments qui auraient pu servir à sa formation, existent au bon emplacement entre Mars et Jupiter. Il s'agit de la ceinture d'astéroïdes...

Ombre et chaos...

Demeure l'énigme posée par les décalages qui existent pour les planètes Neptune et Pluton. Si nous sommes attentifs aux résultats, il semble que la distance de Pluton au Soleil (39.5 UA) soit très proche de la valeur définie par la Loi de Titus-Bode pour Neptune (38.8 UA).
Or, Pluton a une orbite singulière qui la mène régulièrement à l'intérieur de l'orbite de Neptune. Ainsi, lors de l'épopée de Voyager, les sondes n'ont pas pu survoler Pluton, celle-ci se trouvant en fait à cette époque plus près de Soleil que de Neptune. Orbite plutôt étrange, que certaines hypothèses actuelles expliqueraient par le scénario suivant.

Pluton serait en fait un ancien satellite de Neptune dont le système aurait été perturbé par une collision avec un planétoïde important. Pluton et Charon (dont le couple masse/diamètre est exceptionnel avec celui de la Terre et de la Lune) auraient été éjectés de la zone d'influence gravitationnelle de Neptune vers les profondeurs du Système Solaire.
Cette hypothèse de la collision serait supportée par l'orbite étrange de Pluton qui la ramènerait périodiquement proche de son ancienne demeure, mais aussi, par l'orbite chaotique du plus proche des satellites de Neptune, Triton.
En fait, dans l'ordre originel, peut-être Pluton n'était-il qu'un satellite de Neptune et les positions orbitales ont-elles été modifiées par un cataclysme planétaire.

Peu de hasard mais une nécessité...

Ainsi, la réponse aux aberrations des derniers termes de la Loi de Titus-Bode se situe peut-être dans une catastrophe qui modifia l'ordre originel. Car en fait, il s'agit bien d'un ordre. La distribution des planètes autour du Soleil n'a rien de miraculeux mais correspond aux lois de l'attraction universelle et de la mécanique céleste. Il est d'ailleurs très probable que si d'autres systèmes planétaires existent autour d'autres étoiles, la loi de distribution de ces planètes sera assez proche de celle de notre système.
Ce que les hommes ont tenté de retrouver depuis des siècles, c'est la clef de cet ordre. Aujourd'hui, le message est décrypté mais, il est passionnant de voir comment en se fiant à la logique mathématique et à l'harmonie des nombres, Titus et Bode surent trouver de manière détournée cette clef.
Mais, positions ou aspects ne se déclinent pas seulement numérologiquement. Un autre message est délivré par la position et la composition des planètes de notre Système Solaire, ainsi que par l'histoire de sa formation. Ce message concerne directement l'Être  Humain dans son essence et dans son évolution, un être issu de la lumière et qui par-delà tous ses errements y retournera.

Initiation : l'épopée humaine en neuf planètes...

À toute histoire il faut un début et ici les termes se rejoignent. Début ou initiation, l'histoire qui commence sur un bras de notre Galaxie il y a 4,5 milliards d'années donne son plein sens à chacun de ses mots.
Tout débute dans le silence du vide intersidéral. Un nuage de gaz et de poussière tourne sur lui-même, de plus en plus vite jusqu'à l'éclair initial. Une étoile est née, notre Soleil. Elle entraîne dans sa ronde naissante des poussières et des particules, du gaz. Le mythe solaire, de tous temps et par toutes les civilisations, a été évoqué par les êtres humains et il faut montrer combien la similitude est grande entre l'agencement de notre Système Solaire et ce parcours de l'Être  sur le Chemin de la Lumière.
Les débris de poussières et de gaz vont peu à peu s'organiser autour de l'étoile naissante et façonner des planètes dont les fractions lourdes (matière) et subtiles (gaz) seront très différentes en fonction de leur éloignement au Soleil et de la température de l'espace dans lequel elles sont créées. Si nous observons depuis la planète la plus proche du luminaire jusqu'à la plus éloignée, la fraction lourde et la fraction subtile, en quelque sorte une morphoscopie planétaire, alors se dessine tout-à-fait clairement l'évolution de l'homme et de sa conscience.

De la densité de la matière mercurienne à la conscience terrestre

Toute proche, Mercure est une planète de petite dimension, dense, très dense, avec un noyau excessivement lourd de fer et de nickel (5.4 par-rapport à l'unité de référence qu'est l'eau) et une atmosphère pratiquement inexistante. Mercure est soumise au feu sur sa face tournée au Soleil ou exposée au froid intersidéral sur son hémisphère opposé, sans nuance.
Symbolisant parfaitement la matière passive, Mercure n'est pas sans nous faire penser à l'Être  humain du tout début, tourné tout entier vers les préoccupations du monde matériel, vers sa survie. l'Être  humain à peine sorti du monde animal est ancré dans la terre. Il subit le monde qui l'entoure, un peu comme Mercure subit le froid et le chaud, avec une conscience si ténue... aussi ténue que la faible atmosphère mercurienne.
Mais le temps passe et l'homme progresse. Son domaine s'élargit, sa vision du monde également. Il commence à domestiquer son territoire, à tempérer son instinct. Cette période de modulation est exprimée par la planète Vénus. Presque aussi vaste que la Terre par ses dimensions et moins dense que Mercure (5.1), Vénus est l'Homme potentiel, celui en qui se dessine l'Homme en marche vers l'Être conscient.
Vénus est encore brûlée par le Soleil mais son volcanisme paroxystique lui permet de fabriquer une atmosphère intense qui va moduler les effets du Soleil. Tentative maladroite, l'atmosphère vénusienne est dense, trop dense. Elle induit des effets de serre qui augmentent encore la sensation d'étouffement que les laves de ses entrailles ne font qu'alimenter. Sur Vénus, tout n'est que chaleur et brumes. L'air y est tellement dense que les paysages qui sont vus au travers n'apparaissent que comme des mirages troubles. La conscience de l'Être  s'éveille doucement. Il sort du mirage de sa nuit mais tout est encore tellement flou...

Enfin, l'Être  Humain est debout, que ce soit au sens propre, figuré ou symbolique. Sa conscience crépusculaire a laissé place à la lumière, l'atmosphère est enfin claire et respirable. L'homme peut regarder et voir la réalité aussi loin que son regard porte à l'horizon. Avec la planète Terre, nous abordons ce monde de la conscience qui concerne bien évidemment la matérialité mais également une approche nouvelle : l'imagination, la possibilité de conceptualiser en dehors de tous modèles, de toutes références. C'est l'accès au monde des archétypes et des symboles. Et pour la première fois dans le ciel d'une des planètes que nous avons citées jusqu'à présent se lève un satellite et pas n'importe lequel : la Lune.
La Terre et la Lune forment un couple exceptionnel dans le Système Solaire de par leurs dimensions respectives. Le diamètre de la Lune représente un quart de celui de la Terre, ce qui est totalement hors normes sauf pour l'ultime planète de notre Système, Pluton, ce qui n'est pas sans signification pour l'un et l'autre des couples.

La Lune est énorme dans le ciel de la Terre. C'est un appel à l'élévation du corps et à la prise de conscience de l'âme, un appel à la réflexion. Le rôle de la Lune est primordial dans la vie de la Terre. Sans sa présence, les climats, les marées, les jours de la Terre ainsi que la forme de notre planète seraient modifiés. L'homme qui a pris conscience de l'existence de son âme ne sera plus jamais le même. Mais, il ne sait pas encore qu'en explorant le chemin de son âme, il part à la rencontre de son esprit, car l'astre de la nuit reflète la lumière dispensée par l'astre du jour.

La Terre : planète tempérée entre toutes, où les saisons apportent une lumière et une couleur différente, où l'eau connaît pour la première fois tous les états : liquide (pouvoir dissolvant), solide (pouvoir cristallisant), vapeur (pouvoir sublimant). l'Être  humain possède à cette étape lui aussi tous ces pouvoirs qu'il pourra expérimenter car il a également un libre arbitre. La Terre est planète d'expérimentation et de réalisation pour l'Être  conscient.

Bien que l'âme soit éveillée chez l'Être  du plan terrestre, il ne fait nul doute que l'expérimentation est essentiellement poussée dans le domaine matériel. L'Homme va cultiver sa terre, conquérir celle du voisin, s'élever dans l'échelle sociale, accumuler des richesses. La place du Paraître est plus grande que celle de l'Être . Tant qu'il y aura à conquérir, l'Homme ne trouvera pas le repos. Mais, une fois que ce que nous appelons les appétits terrestres sont apaisés, que reste-t-il ?
  
Désintégration

Que l'Homme le veuille ou non, la Lune brille au-dessus de lui. Maintenant qu'il a tout conquis, il se trouve face à un autre lui-même qui doit avoir le visage de la planète Mars, quatrième des planètes du Système Solaire. Mars a un diamètre une demi-fois inférieur à celui de la Terre, tout comme l'Homme qui n'a développé que la moitié de lui-même. Le matériel a été privilégié au profit du spirituel, le déséquilibre est consommé. Mars jadis avait une atmosphère qui s'est enfuie à travers l'espace intersidéral. Il ne reste qu'une terre aride et morte, où de vastes rivières asséchées témoignent d'un potentiel évanoui. L'eau sur Mars aujourd'hui n'existe plus que sous forme de glace, figée et froide, attendant que le feu du Soleil lui redonne un peu de vie.

L'allégorie est claire. L'Homme qui a tout connu des joies terrestres est lui aussi figé, en attente. Bien sûr, quelquefois il a perçu des appels de cet être intérieur mais il les a négligés et en garde des blessures secrètes et profondes tout comme Mars garde une immense et profonde balafre le long de son équateur, là où des volcans qui auraient pu lui redonner un peu d'atmosphère ont poussé sous la surface mais se sont éteints avec le feu intérieur de la planète. Tout comme Mars, l'Être  est ici à la limite de la rupture. Le monde de la matière, le monde matériel ne pourra plus rien lui apporter. Vient alors le temps de se débarrasser du carcan.

"Colorful universe" par Ryan Schultz sur Flickr
L'implosion qui se produit alors laisse l'Être apparemment désintégré. La personnalité qu'il avait connue jusque là vole en éclats, tiraillée entre le matériel et le spirituel, tous comme les fragments de la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter sont les témoignages de ce qui aurait pu être une planète tellurique mais que les forces de marée de Jupiter ont disloquée.

La voie royale

Passé ce cap, le cheminement de l'Être  ne sera plus jamais horizontal mais vertical. Il amorce à partir de Jupiter sa remontée vers la lumière. Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, les quatre planètes royales ... Pour elle quatre, la fraction matière est bien plus faible que la fraction subtile. Toutes quatre sont des planètes infiniment légères, essentiellement composées de gaz, avec un noyau de la taille de la Terre mais qui - proportionnellement à leur diamètre - est bien petit (de 50 000 à 140 000 km). De même, l'Être  se débarrasse de plus en plus de la matière et commence à irradier sa propre lumière.

Le moment est venu de restituer, de partager avec autrui, ce qui a été engrangé jusque là. Et, étrangement, à partir de Jupiter et jusqu'à Neptune, les planètes vont irradier plus d'énergie qu'elles n'en reçoivent du Soleil, ce qui a longtemps fait penser aux astrophysiciens que ces planètes étaient en fait des "étoiles ratées", pas assez massives pour initier un processus thermonucléaire. Ces "petits soleils froids" sont la marque de l'approche de la dimension de l'esprit. Tout comme le Soleil, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune ont un cortège de petites planètes-satellites qui gravitent autour d'elles, ainsi qu'un anneau que chacune d'entre elles portent comme le souvenir d'une ancienne alliance avec la matière ou comme la promesse d'une noce cosmique.

L'œuvre solaire

Il reste peu de chemin à parcourir maintenant pour que l'Être  réintègre complètement sa dimension cosmique. Pourtant, une épreuve encore le guette. Elle est symbolisée par l'incursion périodique de Pluton à l'intérieur de l'orbite neptunienne. Pluton, gardien des enfers et gardien du Seuil...
Il est fort possible qu’au tout début de son histoire Pluton et son satellite Charon aient été des satellites de Neptune. Symboliquement, nous pouvons considérer Pluton comme une émanation du système de Neptune. Or, Pluton est de nouveau une planète tellurique, glacée avec une atmosphère extrêmement ténue qui s'épaissit lorsque la planète s'approche du Soleil en entrant dans l'orbite neptunienne.
Dans le ciel de Pluton, le satellite Charon est énorme et apparemment immobile, figé comme un reproche éternel. Il n'est pas ici question pour l'être éveillé de replonger dans la matière, mais bien de se débarrasser de ses dernières angoisses et de ses dernières attaches avant de se libérer définitivement de l'apparente ambivalence matière/esprit et de partir vers l'espace infini. Car, Pluton est la porte de notre Système Solaire. C'est la dernière des grandes planètes "construites". Les six petits corps glacés au-delà ne sont que des planétoïdes de faibles dimensions faisant partie d'une ceinture probablement étendue dont l'existence avait été prédite par l'astronome Kuiper.

Poussière tu es... et lumière

Ainsi, les planètes du Système Solaire nous racontent l'aventure humaine, le Chemin qui mène à Soi. Issues il y a 4.5 milliards d'années de l'explosion d'une étoile naissante, ces planètes sont composées exactement des mêmes éléments que le Soleil. Aujourd'hui, elles sont à mi-parcours de leur existence. Dans 5 milliards d'années, le Soleil viendra réclamer son dû. Devenue géante rouge, il réabsorbera en son sein toutes ses planètes avant de disparaître à son tour en éjectant matière et gaz à travers l'immensité galactique.
Mais ce chemin qui semble s'arrêter pour notre Système Solaire dans 5 milliards d'années n'est encore qu'une étape parmi une infinitude d'autres à venir. Cette même matière, ce même gaz seront un jour où l'autre à leur tour repris par les tourbillons de la gravitation, jusqu'à ce qu'une nouvelle lumière s'allume dans la nuit, une autre étoile, une autre promesse.